George ANTONIAK : guitare électrique, guitare classique, voix
Michel DEGUIRE : batterie, percussion, voix
Marc LALONDE : basse, voix solo
Michel LALONDE : guitare acoustique, voix solo
Steven NAYLOR : claviers, voix
Autre musicien :
Robert LALONDE : violon
Prise de son : Ed Stasium
Mixage : Nick Blagona
Production : Ed Stasium, Lougarou
Arrangement : Lougarou
Illustrations : Michel Fortier
Photographies : Jacques Lafond
ReviewC'est de tous les disques québécois de ce mois-ci mon préféré. Autant parce que Lougarou réussit à nous redonner, à sa manière, d'une façon vive, originale, à la fois classique et rock, certains des plus beaux airs de cet héritage trop souvent méconnu ou malmené qu'est notre folklore, que parce que, pour une fois (chose rare chez nos groupes), les voix de Lougarou sont colorées, riches et savoureuses. Jamais, depuis les Karriks, je n'avais entendu de si belles versions de chansons de folklore, mis à part celles de « Ah! toi, belle hirondelle », par Louise Forestier et « La complainte de mon frère », par Philippe Gagnon, toutes deux reprises ici. D'une certaine façon, Lougarou va encore plus loin que les Karriks dans le renouvellement de certaines chansons, puisqu'on rencontre dans leurs interprétations de longs soli rock qui peuvent déconcerter (qui feront sans doute grincer des dents le puriste trop souvent tenant d'un folklore ennuyeux et empoussiéré) mais arrivent, au bout de quelques écoutes, à nous convaincre qu'en fin de compte, les grands airs de folklore sont éternels. Si l'on peut reprocher à Lougarou de "vulgariser" le folklore, on ne peut, en revanche, lui reprocher de le rendre accessible à toute une nouvelle génération à laquelle on reproche de parler si mal ou de ne plus savoir écrire. Qui reproche encore à Léo Ferré d'avoir mis en musique les grands poètes, puisqu'il a ainsi contribué à les faire connaître ? Parmi les autres titres qui m'ont particulièrement séduits, « La Belle Françoise », « Dis-moi Charles » et bien sûr « À la Claire Fontaine ».
Un excellent long-jeu.
Michel Chevrier, Mainmise no. 68, mars 1977, page 11 » View Translation from French
ReviewIl s’agit du premier 33 tours d’un nouveau groupe qui porte le nom de “Lougarou".
Les habitués de La Casanous les connaissent sûrement très bien puisqu'ils y donnent des spectacles assez régulièrement. Encore dimanche dernier, ils y ont présenté deux supplémentaires, la demande étant trop forte pour ce qui avait déjà été prévu.
On a l’habitude des nouveaux groupes depuis deux ou trois ans. En fait, depuis l’énorme succès de Beau Dommage, il en pleut à chaque mois. Peu restent toutefois, parce que peu apportent vraiment quelque chose de neuf, d'original à la chanson. Les uns copient les groupes anglais surtout, Genesis plus particulièrement. Les autres, comme c’est le cas depuis quelque temps, se lancent dans l'interprétation ou la rénovation de la musique traditionnelle.
Lougarou, c'est un petit peu les deux. Ils interprètent des chants traditionnels arrangés à leur façon, c'est-à-dire à l'anglaise. La tentative n'est pas très concluante. Elle a déjà été faite, en beaucoup mieux réussi. On pense à Louise Forestier, entre autres, et à sa très belle interprétation de «Ah! Toi, Belle Hirondelle» et à Beau Dommage aussi qui a fait, à son spectacle du printemps dernier, des arrangements exceptionnels avec “Les trois hommes noirs”, une vieille chanson française.
Habituellement, quand on “revampe" une chanson de folklore, on l’interprète avec à peu près le feeling original sauf qu’on rajeunit l'environnement de la chanson. Lougarou, lui. ne fait pas ça. Il met la hache dans la chanson originale et repart complètement à zéro. D’un côté le texte, de l'autre la musique. On met de la guitare électrique là-dessus, des petits solos à l’anglaise et on chante ça carrément en rock, avec des lalala et tout le tralala. Ça donne des choses à peu près comme ceci: dans "La Partance", vous entendez un couplet comme celui-ci “ La belle se dévire, a s’écrie à tous les saints, a s’écrie en larmes la mort de Jésus-Christ qu'à matin j’étais veuve, qu'à soir j'ai deux maris” au beau milieu de gentils petits solos de guitare fuzz. Imaginez la même chose avec “La Complainte de mon frère”, “Ah! Toi. belle Hirondelle" et “A la Claire Fontaine”.
On peut faire des chansons de folklore comme les Cailloux, Louise Forestier, Jocelyn Bérubé, Le Rêve du Diable ou encore il y a l'autre solution. On peut faire avec le folklore ce que Dalida a fait au "Petit Bonheur” et ce que Patsy Gallant a fait à « Mon Pays ».
Pierre Beaulieu, La Presse, samedi 12 février 1977, page E 4 » View Translation from French